S'entraîner à la gestion du stress : JPRIDER explique les méthodes

jpbrena.fr / jprider /
JPRIDER : Gérer son stress

Certains pratiquants abordent avec appréhension les épreuves cyclistes et perdent une partie de leurs moyens à cause de leur peur. Celle-ci est plus ou moins grande et handicapante. Des exercices permettent de combattre ce stress.

Beaucoup de coureurs, de tout niveau, ont d’excellents tests physiologiques en laboratoire. Ils peuvent, en théorie, développer pas mal de watts pendant longtemps. À l’entraînement, sans pression, seuls ou en petit groupe, ils « voltigent » et confirment leur potentiel in vitro. Mais lors des épreuves auxquelles ils participent, ils n’ont plus leur rendement habituel et n’obtiennent pas les résultats escomptés. En compétition, au milieu d’un peloton, ils perdent leurs moyens. Ils se font devancer par des cyclistes qui se montraient bien moins puissants lors des sorties de préparation et des tests.

Pour ces personnes, il y a un décalage flagrant entre leur force ordinaire et leur rendement en situation de course. En parlant avec eux et en regardant leur comportement lors d’une épreuve, on comprend mieux : des craintes les inhibent et les empêchent d’exploiter leur potentiel. Celles-ci sont de trois ordres : le stress de frotter, la peur de la vitesse et le manque de confiance face à la pression. Pour surmonter ces vrais handicaps, on peut mettre en oeuvre, en fonction des cas, des parades simples et pratiques. L’entraînement va aider à réparer des carences techniques et psychologiques.

Une maîtrise technique et affective peut s’acquérir avec des entraînements répétés.
  1. La peur de frotter

    Premier stress : être touché dans un peloton. Savoir « frotter » permet, par exemple quand on est frôlé par un coureur déséquilibré, de ne pas s’énerver et d’écarter gentiment du bras le gêneur, ou de se glisser entre deux coureurs dans un trou de souris pour passer devant lors d’un sprint. On peut rouler à moins de 5 cm de la roue arrière de celui qui précède pour profiter au maximum de l’aspiration, ou pédaler sur une bande de 5 cm de large en bordure de route. On prend des risques qui n’en sont pas dès lors que, techniquement et « affectivement », on maîtrise son équilibre en mouvement au milieu des autres, en regardant devant soi, sans s’énerver ni être pollué par le stress. Mais beaucoup de cyclistes, inconsciemment, sont presque tétanisés à l’idée d’être près des autres, plus encore de les toucher. Ils craignent surtout la chute et, du coup, se crispent musculairement et psychologiquement. Ils « bouffent » du vent. Ils s’épuisent avec 10 à 30 pulsations cardiaques au-dessus de ce qu’ils auraient s’ils n’avaient pas la crainte de tomber. Certains grimpeurs arrivent ainsi fatigués au pied des difficultés. D’autres, dès que le rythme s’accélère, se mettent à l’écart et sont tout de suite dans la filière d’anaérobie qui fait mal aux jambes, au lieu de pédaler en endurance sans faire trop d’effort. Pour remédier à cela, il existe plusieurs méthodes. À défaut de retourner dans une école de cyclisme, vous pouvez travailler, à l’entraînement, certains fondamentaux pour gagner en confiance.

    1/ À deux lors de vos sorties en semaine : à l’échauffement ou pendant le retour au calme, touchez et repoussez-vous avec les épaules, puis les genoux, les hanches, les coudes, les bras. Appuyezvous aussi l’un contre l’autre en équilibre pendant une ou deux minutes. Pendant trente minutes, multipliez ces exercices de contact. Commencez à faible allure, puis en accélérant, sur route dégagée.

    2/ Autre exercice à eff ectuer seul : sur vos routes d’entraînement, roulez au plus près de la bordure, à 5 cm de la fin du goudron. Au départ, votre regard cible votre roue avant. Progressivement, essayez de le porter plus loin, de manière plus large. Votre vision fovéale (centrée) doit passer à une vision périphérique. Roulez ainsi de plus en plus vite.

    3/ En roulant à deux : vous pouvez toucher brièvement avec votre roue avant le côté de la roue arrière d’un comparse. Faites cela à très faible allure d’abord, puis plus vite. Vous pouvez effectuer ce type d’exercice à VTT, sur terrain plat. Après ces réglages, vous ne vous placerez plus derrière le peloton, à subir tous les à-coups, ni sur le côté à prendre le vent. Vous resterez dans le « paquet » et économiserez votre énergie. De temps en temps, rouler sur piste avec des copains apprend à frotter et lever des peurs.

  2. La peur de la vitesse

    Stress diff érent, mais aussi handicapant : la peur de la vitesse, que l’on connaît surtout dans les descentes. Rouler vite, au-delà de 50 km/h, n’est pas évident, tout comme piloter son vélo dans des pentes en courbes, où l’inertie seule vous fait passer à plus de 70 km/h. Souvent, après une grande frayeur, on est plus prudent ! On ne peut que conseiller de se mettre dans cette situation à l’entraînement, afin de s’y habituer et de mieux la contrôler.

    1/ Une fois par semaine : sur une heure, après un échauffement seul, entraînez-vous « derrière voiture » ou « derrière scooter » sur une route plate, avec un ami conducteur. Vous lui donnerez des codes pour ralentir ou accélérer, avec le pouce en l’air ou en bas, qu’il verra dans son rétroviseur. Double avantage : vous travaillez le rythme avec le gros plateau et pouvez doubler votre moyenne au train.

    2/ Apprenez à virer en vous entraînant sur un petit circuit avec des virages vers la droite (ou dans un lotissement, une zone industrielle…). Changez de braquet avant les virages, lancez-vous bien et relancez vite. Exercez-vous à jouer du dérailleur vite et bien.

    3/ Rendez-vous dans des descentes : sécurisées naturellement, sur un circuit avec des courbes plus ou moins serrées. Faites des essais de freinage plus ou moins retardés. Dans les courbes, pensez à vous positionner extérieur-intérieur-extérieur. Vous pouvez chronométrer ces descentes. Si possible, programmez un ministage dans les cols (à monter tranquillement) pour vous consacrer au travail dans les descentes, en prenant de l’assurance. C’est en descendant que l’on devient descendeur !

    4/ Les trajectoires peuvent être améliorées grâce au VTT : n’hésitez pas à faire quelques sorties dans un endroit vallonné. Hors vélo, vous pouvez aussi vous amuser au karting !

    5/ Vérifiez avec soin votre position sur le vélo : combien sont mal posés au point d’être mal à l’aise, les mains au fond du guidon ? Certains cyclos ne peuvent même pas freiner correctement. Votre position détermine aussi votre centre de gravité sur le vélo. Un élément déterminant pour définir vos trajectoires et prendre de l’angle dans les courbes. Examinez enfin votre matériel, leviers, câbles et étriers de frein. La garde des leviers doit avoir la course qui vous convienne, les patins de frein doivent être régulièrement changés. Sur ce point de sécurité, il faut avoir confiance en votre matériel.

  3. La peur de décevoir

    Parmi les stress qui inhibent, il y a le manque de confiance en soi et en ses moyens. Mine de rien, une épreuve engendre pas mal de pression de la part de l’entourage, ajoutée à celle que chacun se met lui-même. Il existe même la peur de gagner. Certains pros préfèrent rester équipiers alors qu’ils ont le potentiel d’un leader. C’est le cas de Mikaël Cherel, d’AG2R La Mondiale. Son manager dit de lui : « Il perd ses moyens au contact de la réussite. » Pour éviter que le vélo et celui qui pédale ne déraillent, voici quelques pistes.

    1/ Le sommeil : si la ou les nuits qui précèdent une épreuve sont généralement agitées, faites une petite demi-heure de home-trainer le soir pour vous fatiguer un peu, et changez-vous les idées, par exemple en allant au cinéma. Changez d’air !

    2/ Les préparatifs : n’arrivez ni en retard ni en avance au départ de la course. Listez ce que vous avez à emporter pour ne rien oublier et faites un check-up la veille. Tout ce que vous pouvez anticiper vous rendra moins nerveux.

    3/ Le mental : faites un effort pendant le voyage avant l’épreuve pour vous dire que vous êtes prêt et que, de toute manière, vous ne pouvez plus rien changer. Alea jacta est ! Et ne soyez pas désagréable avec les autres, ou alors restez seul avant le départ.

    4/ L’alimentation : les « rations d’attente », solides ou liquides, si elles ne sont pas trop sucrées, peuvent vous aider à supporter la pression.

    5/ La stratégie de course : si, malgré votre application et votre préparation positiviste, vous pensez que vous allez attaquer dès le départ, votre défaut, mettez-vous sous les « ordres » d’un ami calme. Gérez vos efforts et vos stress, qui sont souvent liés !

    6/ Positiver : soyez fier de vous, quel que soit votre résultat. C’est vous qui pédalez et personne à votre place. Si vous n’êtes pas satisfait, vous vous entraînerez davantage et mieux la prochaine fois. Parlez de votre activité avec des gens qui vous apprécient et vous soutiennent, qui ont du recul sur votre pratique. Tentez de relativiser. Beaucoup de vainqueurs du Tour de France ont été oubliés. Votre entourage familial, lui, ne vous oubliera jamais et c’est le seul qui compte vraiment. Après tout, vous êtes comme tout le monde. Certains prétendent pédaler sans peur et sans reproche dans le col Bayard, en Isère, mais rien n’est moins sûr !

Faut-il faire des épreuves tous les dimanches en préparation d’un objectif ?

Ce n’est pas indispensable, mais oui si vous êtes au niveau de ces courses et que vous pouvez les gérer dans les roues. Non si vous vous fatiguez trop et si le voyage pour se rendre et revenir de l’épreuve est usant. Oui si c’est dans le cadre d’une programmation linéaire bien pensée. Non si, à l’entraînement, vous pouvez construire des séances su# isantes en volume et en intensité pour être prêt pour votre objectif. Oui si vous aimez la compétition et si vous voulez vous tester progressivement par rapport aux autres. Non si, mentalement et physiquement, c’est lourd et que l’objectif ne correspond plus à vrai un pic de forme où vous seriez à 100 % de votre potentiel