Rando, course, cyclosport : Comment s’entraîner sur une épreuve

L’offre en matière de pratiques cyclistes est grande, profitons-en. Jouer entre les épreuves de différents types, entre randonnées, cyclosportives et courses, est un bon moyen de s’entraîner selon sa forme et ses aspirations.

Quelques coureurs professionnels ont commencé, pubères, avec leurs parents, par le cyclotourisme. Plus tard, ils ont préféré rouler devant et vite ! Mais il n’est pas rare de voir d’anciens pros participer à des épreuves avec des cyclosportifs en se prenant au jeu. Ces cyclos sont licenciés dans un club affi lié à plusieurs fédérations et pour faire « du rythme » à des moments choisis et programmés de la saison, ils font des courses de la Fédération française de cyclisme (FFC), où le classement est la motivation des participants. D’autres se « refont la cerise » sur des randonnées. Il existe en eff et pléthore d’épreuves, avec des formules où la notion de performance est plus ou moins prononcée. Selon ses choix, on peut ainsi rouler et travailler dans des fi lières énergétiques diff érentes en fonction des challenges dans lesquels on s’est inscrit.
Il n’est pas dans les usages, quand on s’est spécialisé dans des défi s que l’on affronte chaque année, de s’orienter vers un autre type d’épreuve, même par intérêt. À croire que le cycliste est borné ! Pourtant, essayer d’autres modes de pratique peut permettre de mieux s’épanouir et de progresser. Toutes les épreuves qui fleurissent au printemps sont un moyen de s’entraîner, si on les choisit bien, quel que soit son objectif. Beaucoup d’entre vous ne roulent qu’une ou deux fois par semaine et ne sont vraiment disponibles que le week-end. Une fois la période hivernale passée, pourquoi ne pas réfl échir à construire votre saison à travers les épreuves-entraînements auxquelles vous participerez ? Chacune d’entre elles peut apporter un bienfait diff érent. La seule diffi culté est de les sélectionner à bon escient !

Quelles épreuves choisir ?

On recense 120 000 licenciés à la FFC, qui est dédiée à la compétition, toutes disciplines confondues, 126 000 à la Fédération française de cyclotourisme (FFCT), où il n’existe pas de classement, et 120 000 cyclistes, dont des étrangers, ont participé aux 140 épreuves de cyclosport référencées en France. Au sein du peloton se trouvent donc des pros, des membres des fédérations multisports et quelques cyclotouristes. Pour sa part, la FFCT organise 35 000 manifestations, reposant essentiellement sur le bénévolat, qui englobent aussi bien Paris-Brest-Paris que des balades dominicales ou des randonnées en montagne.
Les 24 Heures vélo au Mans, par exemple, se font à plus de 40 km/h de moyenne pour les premiers, les Élites, et à 20 km/h pour des profanes. Le Tour du Mont-Blanc cyclo permet de réaliser 8 000 m de dénivelé « à sa main », de prendre le coup de pédale de la montagne et de se sentir un héros. Dans les épreuves telles que la Haute Route, où seules les ascensions sont chronométrées, le meilleur est à 6 watts par kilo. Avec un Pass’cyclisme, vous pouvez aussi participer à des épreuves du genre critérium près de chez vous, où vous tournerez le plus vite possible autour d’un clocher de village… Comment, en fonction de son budget, de sa fatigue selon les périodes de l’année, déterminer le bon type d’épreuve et surtout à quelle fin ? Considérez que toutes ces manifestations peuvent être d’excellents moyens, diversifiés, d’exercer votre endurance ou votre résistance. Une autre façon de vous préparer pour un objectif précis, plutôt que de rouler le dimanche, comme d’habitude, en groupe avec des amis.

Avec un planning réfléchi, toutes les pratiques permettent de progresser.

S’entraîner autrement

Les ponts sont donc ouverts entre cyclotourisme, cyclosport et compétitions cyclistes. À vous de les franchir pour vous entraîner diff éremment, en comprenant bien ce que chaque pratique engendre comme effet bénéfi que. Dans la logique de l’âge et des besoins, c’est dans cet ordre que la formation d’un cycliste devrait se faire, alors que c’est souvent le contraire qui se passe ! Reste que chacun peut, au gré de sa forme et de ses envies, selon les weekends et les périodes de l’année, sélectionner une manifestation ou une autre. Cela demande une programmation réfl échie de son planning, où les épreuves revêtent toutes un sens particulier si elles constituent un entraînement. Les choix reposent sur des questions de stratégie de préparation, d’objectifs, mais aussi de fatigue et de budget !

  • Cyclotourisme

    Bien que l’on parle de « randonnées » chez les pratiquants de la FFCT, et que les vitesses puissent paraître réduites, rien n’empêche de bien appuyer sur les pédales par moments ! C’est une pratique hygiéniste qui permet d’être bien dans sa tête. L’absence de classement enlève tout stress dû à la concurrence.
    À bien y réfléchir, les « coursiers » devraient, à l’occasion, s’inscrire à ce type de manifestation. Ils constateraient que le coût énergétique de certaines de leurs sorties est équivalent à celui d’une randonnée. Ceux qui manquent de fond, de kilomètres dans les jambes, à cause d’une période hivernale manquée, peuvent se servir des randosportives pour faire leurs « fondations » en aérobie, en endurance avec, pourquoi pas, des confréries comme les Diagonalistes de France ou des raids organisés. On roule alors souvent en lipolyse, tranquillement, et cela aide à maigrir. C’est aussi profitable pour ceux qui ont dû s’arrêter, à cause d’une maladie ou d’un traumatisme. Pour se remettre en route, le cyclotourisme permet de faire des heures de selle sans surintensité. Les profanes apprennent ainsi à rouler en groupe de manière solidaire. De même, pour les cyclistes qui désirent connaître et s’essayer à la montagne, les épreuves cyclotouristes, qui abondent dans ce milieu hostile, avec ou sans brevet à la clé, sont un must. Tant de cyclistes vont trop vite et trop fort en montagne quand ils y mettent les roues ! Mieux vaudrait appréhender tranquillement tous les fondamentaux des cols, pour ensuite y revenir avec une envie de performance. Il existe même un Club des cent cols et un Brevet international du grimpeur. Pour les jeunes, passer des brevets progressivement offre également un bel apprentissage du vélo et de la vie, avant de passer des lignes d’arrivée en tête et de penser à glaner des médailles.

    Repères
    Le cyclotourisme a plusieurs atouts. Il permet de rouler sans pression psychologique, avec une philosophie du vélo basée sur la convivialité. Il aide à maigrir. Il apporte le fond en endurance, à son rythme et sans risque. Il permet de faire un bon apprentissage, en montagne notamment, et d’obtenir des brevets.
  • Cyclosport

    Chez les cyclosportifs, on parle d’« épreuves ». La notion de performance, où l’on affronte les autres concurrents, de tout niveau et de tout âge, est un marqueur. Même si vous n’êtes pas au point, vous pouvez éventuellement participer. Mais réussir et sortir épanoui d’une telle épreuve, demande de se préparer en progression vers une condition physique correcte. Les efforts sont soutenus, à vouloir suivre des groupes ou lors des ascensions. Ils sont souvent subis. La base d’endurance du cyclotourisme fait place à des intensités qui peuvent être dures à supporter. Le coût énergétique d’une cyclosportive, à cause du duo distance-intensité, est important et vous roulez souvent « au seuil », alors que dans les randonnées, vous roulez plutôt en dessous. Mais cela vous fait donc travailler de manière privilégiée cette allure, ce seuil (entre 70 et 80 % de votre potentiel), ce qui permet de repousser vos limites et de faire « du rythme ».
    Dans ces épreuves, au niveau technique, vous êtes plus souvent amené à passer des relais dans les pelotons où vous vous trouvez. Après la première difficulté, des groupes de niveau se constituent. Vous pouvez ainsi pédaler en bonne intelligence, sans vous mettre trop dans le « rouge ». Vous jaugez aussi votre forme du moment par rapport aux autres et prenez des repères intéressants, comme lors des longues ascensions, qui sont quelquefois chronométrées.

    Repères
    Dans les cyclosportives, on intègre la notion de performance dans sa réussite. Une participation à une épreuve cyclo ne s’improvise pas et demande une bonne préparation. Cela fait travailler le seuil et le rythme. Cela vous donne des repères fiables pour savoir où se situent vos limites.
  • Courses traditionnelles

    Chez les cyclistes traditionnels, il s’agit de compétition. Ce qui compte, c’est le classement. Là où vous êtes en lipolyse en cyclotourisme et au seuil dans les cyclosportives, vous devez, pour bien figurer dans une course, entrer dans les zones de puissance proches du maximum de vos possibilités. Vous avez à sprinter et à lever les fesses de la selle. Pour un cyclosportif qui a des objectifs, participer à quelques courses traditionnelles en fi n de phase de préparation fait monter son niveau d’un cran. Tout comme, pour un cycliste traditionnel, eff ectuer une cyclosportive dans les roues ou une randonnée lui permet de récupérer activement et de faire du fond entre deux courses nerveuses et difficiles. Les catégories, notamment à la FFC, de Pass’cyclisme à professionnel donnent la possibilité de trouver des compétitions adaptées à sa condition physique. Les courses sont également d’une durée moindre et font plus appel à la puissance physique qu’à l’endurance. L’état d’esprit est bien sûr diff érent que sur une « cyclo ». Mais il est bon d’essayer, au moins pour se rendre compte de l’eff ort à fournir, ce qui peut aider à progresser dans beaucoup de domaines. Tout va plus vite dans cette pratique cycliste, au niveau psychologique, physique, technique, et il faut une bonne connaissance de sa discipline ainsi que de ses adversaires pour prendre une place devant.

    Repères
    L’esprit de compétition peut être assouvi en faisant des courses traditionnelles. La filière énergétique de puissance proche du maximum est souvent sollicitée. À essayer dans le cadre d’une préparation d’objectif. Certains prennent goût à la vitesse et aux challenges..

Comment récupérer après un début de saison difficile afin de préparer un été dense ?

En pleine saison, la récupération passive consiste en quelques jours de repos, pas forcément successifs. Il convient plutôt d’alléger son programme et de faire un microcycle de régénération active, en pédalant à des intensités moindres. Un contrôle médicosportif peut aussi aider à savoir si vous êtes réellement fatigué ou usé psychologiquement. Dans ce cas, changez un peu d’air en faisant un autre sport d’endurance ou prenez une semaine de vraies vacances, le temps d’avoir à nouveau envie de pédaler. L’usure est souvent dans la tête. Levez donc le pied, pour repartir gonflé à bloc !